1986 – 2002 : LA SURETE NUCLEAIRE RESTE UN DIFFICILE COMBAT
En avril 2001, nous avions consacré notre tribune aux conséquences de l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986. A l’occasion de ce 16 ème « anniversaire », nous attirons votre attention sur la publication par le Gouvernement de divers décrets (contestables) sur la sécurité nucléaire et la radioprotection en France. Que disent-ils ?
Le ministère de l’Industrie s’empare de la radioprotection …
La radioprotection était, jusqu’à présent, placée sous la tutelle des ministères de la Santé et du Travail et à l’abri (au moins dans le Droit) des ingérences de celui de l’Industrie.
La nouvelle Direction Générale de la Sûreté Nucléaire et de la Radioprotection (DGSNR) qui traitera désormais les dossiers de radioprotection fonctionnera sous la tutelle de la Santé, de l’Environnement et, surtout, celle du ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie. Or, là, il y a un véritable conflit d’intérêt. Il n’est pas bon qu’une même autorité soit à la fois chargée de développer une activité et de la contrôler.(L’Industrie ayant, par ailleurs, obtenu un droit d’ingérence sur tous les dossiers de santé impliquant le fonctionnement de l’industrie nucléaire en situation normale ou accidentelle)
L’Institut de la Radiorotection et de la Sûreté Nucléaire (IRSN), un établissement public contraint à la recherche de clientèle …
Le statut de l’IRSN, qui doit devenir l’expert attitré de la DGSNR, est celui d’un Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial. Entre deux missions pour le compte de l’Etat, l’IRSN devra rechercher des marchés, des études, de l’argent. Où ? Là où il y en a, c’est à dire chez les exploitants du nucléaire. Gageons que ces industriels sauront se montrer généreux. Il est toujours intéressant d’établir ce type de liens avec les organismes appelés à prendre des décisions d’augmenter vos coûts de production. S’il est une activité qui relève de l’intérêt général et qui ne devrait pas être assujettie aux lois du marché et à la nécessité de faire des bénéfices, c’est bien la radioprotection.
La hiérachie des tutelles…
L’ISNR est placé sous la quintuple tutelle des ministères de l’Industrie, de la Recherche, de la Santé, de l’Environnement et de la Défense. Or, dans le texte du décret, les seules tutelles, pleines et entières, sont celles de l’Industrie et de la Défense. Ces deux ministères chapautent toutes les activités de l’IRSN et peuvent s’opposer à toutes les délibérations de son conseil d’administration.
La désinformation des autorités au moment de l’accident de Tchernobyl, les récents scandales sanitaires (amiante, sang contaminé, farines animales …) ont montré ce qu’il advient lorsque les intérêts économiques et financiers passent avant la préservation de la santé et de l’environnement. Il est temps que les autorités françaises en tirent toutes les leçons.
C’est pourquoi, nous demandons l’abrogation des décrets créant la Direction Générale de la Sûreté Nucléaire et de la Radioprotection et de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire.
C’est pourquoi, nous vous invitons à relayer cette campagne nationale initiée par la CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendante sur la RADioactivité).
Pour en savoir plus sur cette campagne :
CRIIRAD 471, Av V Hugo 26000 VALENCE Tel : 04 75 41 82 50 Site internet : www.criirad.com
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