Intervention de Marc DENIS au nom du groupe VERT
Conseil Communautaire du 02 octobre 2007
SATISFACTION POUR LE SCHEMA DE DEPLACEMENT A VELO, INTERROGATIONS SUR « VELIB » A CERGY-PONTOISE
Les VERTS ont depuis 30 ans toujours milité pour l’usage du vélo en ville pour diminuer tant la place de la voiture que la pollution qui résulte de celles-ci. Nous avons malheureusement souvent prêché dans le désert. Le succès de l’expérience de vélos en libre-service mise en place à Lyon, puis à Paris (Velib) sous l’impulsion des élus Verts, a converti certains de nos collègues élus.
Le schéma directeur des pistes cyclables présenté ce soir au conseil communautaire recueille notre approbation et nous le voterons.
Nous nous réjouissons de cette avancée intéressante tant en matière de création de pistes cyclables, que de stationnement et de jalonnement.
Nous saluons la ténacité de notre collègue Jean Louis Jacquet et des services sur ce dossier qui est, rappelons-le, en chantier depuis une décennie.
Cependant, l’annonce prématurée (alors que les études ne sont pas achevées) d’un « Vélib » sur Cergy-Pontoise, nous laisse interrogatifs, pour plusieurs raisons :
· Cette mesure ne favorisera pas la circulation à vélo tant que les aménagements permettant de sécuriser les déplacements et les stationnements n’auront pas été préalablement réalisés. Aujourd’hui, combien d’établissements d’enseignement, d’entreprises, de zones commerciales, de gares, de lieux de loisirs possèdent un garage sécurisé ? Le schéma directeur présenté ce soir va en partie améliorer la situation actuelle.
· Les Verts mènent campagne pour limiter la présence de la publicité dans les villes comme dans les boîtes à lettres. Les écologistes admettraient mal voir le vélo servir à justifier un nouvelle inflation de panneaux publicitaires en ville. Faudra t-il accepter de voir sur les vélos des publicités pour l’achat de voitures, ou bien d’autres gadgets de la société de consommation, pour développer le vélo ? Voilà qui nous interroge sur le plan philosophique. De plus, ce constat sur l’envahissement de nos cités par la publicité a été cité lors des ateliers citoyens organisés dans le cadre de la démarche d’élaboration de l’agenda21 de l’agglomération de Cergy Pontoise.
· La configuration de l’agglomération se prête t-elle à ce type d’opération : densité urbaine faible (11 fois moins qu’à Paris), habitat individuel important (qui facilite la possession d’un vélo personnel), zones d’attractivité concentrées, fréquentation touristique moindre comparée à celle de Paris ...
· Cette opération (dont le coût serait de l’ordre de 2 millions d’euros par an) représente t-elle la solution et l’investissement budgétaire présentant un impact et un bénéfice optimisés en matière de lutte contre le rejet de gaz à effet de serre, cause du changement climatique ? Ce point, qui touche à la recherche de l’efficience maximale de la dépense publique, mérite d’être pris en compte.
A ce stade, permettez-moi de développer un peu plus ce dernier aspect et de vous asséner quelques calculs, qui je n’en doute pas, à cette heure de la soirée soit vous réveilleront, soit vous assommeront.
Eléments d’analyse sur l’impact environnemental optimisé entre divers choix d’investissement.
Une des raisons majeures de développer des alternatives à la voiture est de lutter contre l’effet de serre en diminuant nos rejets en gaz carbonique. Pour mémoire les transports représentant le tiers de nos rejets en gaz à effet de serre.
Prenons un premier exemple : le développement du solaire.
1 m2 de capteurs permet d’éviter le rejet de 0,15 tonne de CO2 par an
Donc soit 3 tonnes de CO2 évités par m2 sur la durée de vie du capteur qui est de 20 ans.
Un an de fonctionnement VELIB coûterait environ 2 Millions d’euros. Avec une hypothèse de coût d’installation du m2 de capteur à 1200 euros, on peut donc installer 1700 m2 de capteurs.
Soit une économie en CO2 évités de 250 tonnes par an
Soit 5000 tonnes sur la durée de vie des capteurs
Prenons un deuxième exemple : celui d’une chaufferie bois sur le centre horticole
Son coût est d’environ 1 Million d’euros et elle permettrait l’économie de 150 tonnes de CO2 par an par rapport à la configuration actuelle (fuel)
Sur sa durée de vie (20 ans au minimum) cela représente une économie de 3 000 tonnes par Million d’euros investi ;
Soit 6 000 tonnes de CO2 évités par tranche d’investissement de 2 Meuros
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Maintenant partons du constat qu’il y a transfert des déplacements en automobile vers le vélo.
Prenons pour hypothèse qu’une voiture rejette 140 grammes de CO2 par km
Pour faire une économie de 5 000 tonnes de CO2, il faut que les vélos du parc fassent environ 36 millions de km/an.
Soit pour un parc de 1 000 vélos : 36 000 km/an/vélo soit 100km/jour/vélo
Soit avec une vitesse moyenne de déplacement en ville de 10 km/h, une durée d’utilisation de 10 heures non-stop tous les jours de l’année pour l’ensemble des vélos du parc.
Maintenant, projetons nous dans le temps et prenons comme hypothèse n° 2 un rejet de CO2 de 100 g/km (amélioration des normes de rejet en discussion au sein de l’UE, argument que nous tiennent les tenants du développement du routier)
On a un facteur multiplicateur de 1,4 donc 14 heures d’utilisation par jour ( ou alors il faut pédaler 1,4 fois plus vite)
Ce à quoi il faut rajouter les gains possibles sur le budget de fonctionnement à cause des économies générées par mesures du type de celles citées précédemment.
Au passage comment ne pas rappeler que l’implication de la communauté d’agglomération sur notre réseau de transport bus est de 3 millions d’euros, à comparer donc au 2 millions d’euros d’un « VELIB ». Sans oublier évidemment de comparer les niveaux de services rendus dans les cas.
Ceci nous éclaire sur l’ordre de priorité qu’il faut adopter tant pour avoir un impact environnemental que budgétaire optimisé.
Notre réserve n’est donc pas, comme certains pourraient être tentés de le croire, voire de nous le reprocher, une opération de communication à quelques mois des élections. C’est une réserve réfléchie basée sur une réflexion et analyse argumentées pour ne pas céder aux chants des sirènes de la mode.
Qu’on ne vienne plus nous dire que la pose de quelques dizaines de m2 de capteurs solaires sur des bâtiments, que des travaux performants d’isolation et bien d’autres actions coûtent cher et qu’il faut regarder de près leurs temps de retour sur investissement.
Les élus Verts appellent donc les élus cergypontains à répondre préalablement et en priorité aux besoins d'aménagement, de sécurisation et de stationnement pour favoriser le développement de la circulation cycliste auquel nous sommes attachés. Nous voterons donc le schéma directeur « pistes cyclables » présenté ce soir.
Je vous remercie, chers/es Collègues pour votre attention et je vous fais grâce de l’analyse cumulée des impacts dans le temps entre les différentes politiques et avec des taux de pénétration différents de « VELIB ».